Les balades de farfa II

mercredi 27 mars 2013

Le weekend des p'tits "piou piou"

Encore un titre bizarre 
pour un post de farfa II
c'est quoi un "piou piou" ?

C'est un pet't "piou piou" et c'est le gazouillis de ces petits oiseaux, moineaux de notre jeunesse; un petit cri qui reste attaché à des balades en campagne; durant lesquelles nous étions entourés de ces p'tits "piou piou" qui chantaient. Un voilier naviguant en baie de Seine est plutôt habitué à croiser des goélands, mouettes et autres cormorans; que peut bien venir faire un "piou piou" dans cet environnent salé ?

   Et bien, racontons donc cette histoire de "piou piou", qui eut lieu durant un weekend de fin Mars. Comme ces deux jours se présentaient avec un faible marnage (marée basse en milieu d 'après-midi) le départ de Deauville devait être en fin de matinée, et un aller-retour au Havre était au programme.
   Le vent n'était pas prévu pour être très fort, et cela fut une vraie pétole; et comme parfois dans ces cas de "marais barométrique", une brume basse avait commencé à se former dès le début de l'après midi en s'épaississant lentement; cette si pale luminosité hivernale qui fait le charme des nav' hors de la saison estivale était là.
   Deux heures après la sortie du port, j'avais toujours en visu la bouée Trouville Sud Ouest, je n'avais avancer que d'un demi-nautique; cependant le moral était aussi haut que la semaine de travail avait été chargé.
   Il me fallait quand même rejoindre le Havre je finis par mettre le moteur en route dans cette brume qui lentement devenait blanchâtre, épaisse et obscure; soudain, je vis deux petits oiseaux, sans doute des moineaux, tourner autour de farfa; ils n'étaient pas à leurs aise, on pouvait imaginer qu'ils fussent désorientés, ayant perdus leurs repères visuelles; et anxieux avec cette bizarre brume.
   Rappelons à nos lecteurs qu'un oiseau non marin qui mouillerait ses plumes, ses ailes dans la mer ne pourrait plus s'envoler, ces plumes ne pouvant plus le sustançer; il serait définitivement condamné à mourir noyé; les oiseaux le savent et ne s'aventurent que très rarement au dessus de l'eau salée.
   A force de tourner autour de farfa, ces deux p'tits "piou piou" ont du  se fatiguer; et ils ont commencé à venir atterrir sur mon voilier; d'abord des pauses de quelques dixièmes de seconde, et puis des repos plus longs sur un élément du gréement, un bout, un cordage; mais je voyais bien qu'ils étaient apeurées, affolées tout à la fois par cette luminosité forte avec cet horizon impénétrable, que par la crainte de l'océan salé.
   
   Et puis, alors que farfa, maintenant au moteur, remontait lentement vers Le Havre, et que je m'étais allonger sur ma couchette, je fut inexplicablement réveillé par un bruit bizarre, comme un bruissement, un flottement près de mon oreille; c'était un des piou piou qui était entré dans la cabine de farfa.

   Un peu après, je pris cette première photo, on voit bien ce petit oiseau posé sur l'équipet tribord: il est suffisamment fatigué et stressé pour ne plus se préoccuper du reste du monde.




   
   Mais en parlant de stress, le matelot lui aussi n'était pas au mieux, voir au pire; en arrivant au Havre, après le chenal vers Rouen, la brume était devenue un brouillard  dense de plus en plus puis épais; la visibilité ne dépassait plus que 20 à 30 mètres; comment arriver et rejoindre un port où entrent des monstres de 100 000 tonnes et plus quand on en vois pas à plus de 20 mètres ? Les nouveaux instruments électroniques (GPS, radar & AIS) m'ont été d'un grand secours, mais aurais-je pu, aurais-eu le courage ou l'inconscience de naviguer sans eux ? Et qu'aurais bien pu faire dans ce cas ...
   Mettre la pioche devant le Havre ? Me déporter vers Honfleur ? Parfois, on comprends et on visualise bien mieux les terreurs et angoisses des marins d'avant.

   Avec mes instruments, entrer dans le port du Havre fut juste un peu plus compliqué, un peu plus spectaculaire que d'habitude; qu'une de ces si nombreuses fois où j'avais rejoint ce port. Enfin, ce fut à coup sur une des plus bizarres, et quand je distinguais subitement la jetée Nord, celle-là même qui m'envoyais se son de sa corne de brume depuis déjà une demi-heure (3 de bruit puis 12 secondes de silence) la surprise fut à al fois franche et inattendue. que très souhaitée.

   Une fois farfa amarré au ponton, je fis comme d'hab', prise électrique pour le chauffage et petite sieste; au bout d'une petite demi-heure, le petit cri "piou piou" se reproduit; quoi y avait-il toujours un p'tit moineau sur farfa ?
   Et où était-il, où se cachait-il dans un espace si petit que peut l'être celui d 'un voilier de 28 pieds ? Je ne le sais mais subitement le bruissement aérien d'un piou piou en vol se manifestât et je put faire cette vidéo.



   Et oui, la chaleur produite par le radiateur électrique soufflant a redonnée des forces à ce p'tit piou piou; une fois remis en forme, l'espace complexe d'un voilier fut pour lui la derinère énigme difficile à résoudre; enfin après quelques essais, il franchit la descente du carré, s'arrêta deux secondes sur le banc du cockpit, découvris ou plutôt retrouva le monde extérieur et pris sur son envol vers un monde meilleur, vers son monde à lui.

   Le matelot était heureux du dénouement; il se fit une nouvelle salade de harengs pommes de terre pour et profita d'un bon repos.

   Le retour vers Deauville fut sans aucune surprise, vent d'Est à Nord-est, température  peu fraîche, et départ vers Paris par le train de 13 heures après un arrêt express chez Bertella.


Cela fut,
le weekend 

"piou piou".